La grenouille et le président

Publié le par Gaëlle Lenfant

grenouille-copie-2.jpg Vous connaissez peut-être l'histoire de la grenouille et la marmite ? C'est une métaphore que je trouve assez proche de ce que nous vivons en ce moment.
Imaginez une grenouille, plongez la dans une marmite d'eau bouillante : elle saute immédiatement hors de l'eau.
Imaginez maintenant une grenouille, plongez là dans une mamite d'eau fraîche, que vous mettez doucement à chauffer. La même grenouilletrouve ça assez agréable au début, puis un peu moins mais bon, et puis, finalement, lorsque la chaleur devient au delà du supportable, elle n'a plus la force de sauter, et elle meurt.

En France, la température de l'eau monte, petit à petit. Nous sommes certainement déjà au delà du supportable. Mais déjà anesthésiés.

Prenez Khadafi : ce terrorriste, qui, à la veille de sa venue en France justifiait encore le recours au terrorisme (vous pouvez aller lire l'article du Figaro, propriété de Dassault, difficile à accuser de "gauchisme") est accueilli en grande pompe. Le député de la 11eme circonscription faisait d'ailleurs partie des 25 parlementaires chargés de lui servir la soupe. Extrait de son blog : "
Je suis partagé. D’un côté il y a l’ancien terroriste. De l’autre il y a le pragmatisme : ce visiteur, pas si désiré que ça, a changé. Probablement lui même mais également de méthodes. Et il est vrai que ces derniers temps, notamment, il s’est rendu irréprochable." (Note : Irréprochable : à qui l'on ne peut faire aucun reproche)
Irréprochable ?? Irréprochable, celui qui demande à voir au moins 200 femmes ? Irréprochable, celui qui il y a peu, tenait en ses prisons les infirmières bulgares, dans les conditions que l'on sait ? Mais de qui se moque-t-on ? 
Mais vous avez déjà lu tout cela dans la presse.

Prenons alors un exemple plus récent : les 35 heures. L'usine Continentale de Sarreguemines organisait un vote dont le résultat a été sans appel : 75% des salariés sont pour le fameux "travailler plus pour gagner plus". C'est sous cette forme que la plupart des medias nous présentent la chose. Et vous verrez que d'ici quelques temps, on va nous faire croire que 75% des français sont pour les 40 heures. Et pourquoi pas revenir au temps d'avant 1936, tant qu'on y est ? Or, les choses sont un tout petit peu plus complexes que cela, dans cette usine. En effet, la présentation de ce "referendum" tenait plutôt du couteau sous la gorge : soit vous êtes pour, et vous pourrez continuer à travailler (plus), soit vous êtes contre, et le site ferme ses portes. Mais ne venez pas pleurer après, hein, votre destin est entre vos mains, c'est vous qui choisissez...

Choisir... Encore quelques degrés que notre bon président a rajouté à l'eau de la marmite. Mais si, souvenez vous : il faut que les français puissent "choisir" leur temps de travail, ainsi, ils "choisiront" leur rémunération. Vous pourrez aussi bientôt "choisir" d'être propriétaire... Quelle vaste blague... Ce serait drôle, si ce n'était si grave. Comme si un contrat de travail n'était pas un contrat de subordination à l'employeur. Comme si l'immobilier allait devenir accessible à tous, à force de travailler tant et plus. Comme si les salaires augmentaient (je ne parle pas de celui du Président, oh non, ça, il a su faire attention à son pouvoir d'achat, lui) Comme si les fameuses maisons Borloo à 100 000€ avaient fleuri dans toute la France...

Sarko fait sa com. Il veut vendre du rêve, du pain et des jeux. Voyez ce reportage organisé avec un ancien mannequin à Disneyland ! Regardez cela de plus près, analysez le au regard de l'actualité...

Et pendant ce temps là, l'eau chauffe : la sécu ? C'est aux malades de payer. Le chômage ? Ceux qui y sont sont tous des fainéants. La misère ? Ah non, pas en France. Ou alors, ce sont des sans-papiers, des étrangers, ou des fous. L'éducation ? Hum... l'élevage, c'est bien, aussi, non ? La solidarité ? Oui. Que tout le monde paie la redevance Télé, après tout, il faut de "l'équité". Les retraites ? Diviser pour mieux régner, c'est sa devise. Le rôle de l'Etat ? Non, mais c'est très bien la décentralisation. Le pouvoir d'achat ? Oui oui et 15 milliards de fois oui. Mais pour les plus riches d'entre nous, hein.

Et nous ? Anesthésiés. Croyez vous qu'il y a 10 ou 20 ans Kadhafi aurait pu venir en République Française sans qu'il y ait des manifestations ? Moi je ne le crois pas. Quelle va être la prochaine étape ? Peu importe. Le tout est seulement de ne pas mettre la marche trop haute, pour que nous restions tous bien au chaud, au fond de notre marmite, à crever à petit feu...
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